Philosophie et techniques

Sommaire

    Le but du Shorinji Kempo

    Le Shorinji Kempo est conçu spécialement pour vous aider dans trois domaines de votre vie : l’autodéfense, le développement spirituel et une meilleure santé. C’est une méthode de défense très efficace. Son essence va bien au-delà du simple fait de se protéger.

    Le Shorinji Kempo a pour but de développer des gens qui aideront les autres. Les qualités qui vous permettront d’accomplir cela avec tout votre cœur sont la bravoure, la motivation, l’intelligence et le sens de ce qui est juste. Même pour un débutant, l’essence du Shorinji Kempo est de contribuer à la construction d’une société qui reconnaît la valeur de tous ses membres. Ces valeurs sont résumées dans la phrase :

    « Vivre moitié pour soi-même, moitié pour les autres. »

    Attitude et philosophie

    Ken Zen Ichinyo (拳禅一如)

    C’est le premier des principes du Shorinji Kempo. « Ken » (poing) fait référence au corps et « zen » à l’esprit. Le corps et l’esprit ne doivent pas être séparés. Il est donc impossible d’arriver à un quelconque éveil ou à la paix de l’esprit par un unique entraînement mental ou spirituel.

    De la même manière, on ne pourra jamais développer le réel potentiel d’une vie humaine ainsi que sa vraie force au travers d’un simple entraînement physique. Le corps et l’esprit n’ont d’existence et de valeur qu’ensemble et unis, et non pris séparément.

    Partant donc du fait que le corps et l’esprit sont inséparables, l’entraînement doit savoir forger et discipliner les deux. La plupart des sports et autres arts martiaux, tout en proclamant « forger le caractère », insistent de manière exagérée sur le fait de gagner, valorisant essentiellement la technique et la compétition. Un tel entraînement déforme les mentalités. Tout kenshi doit tenter de développer ensemble le corps et l’esprit.

    Gassho Rei

    Les Chinois affirment que des salutations convenables peuvent éviter des querelles et forcent l’admiration des ennemis. Les saluts doivent donc être faits avec respect et considération pour autrui. Bouddha enseignait que personne n’était au-dessus de personne. Tout cela est capital et doit rester essentiel dans l’attitude de tout kenshi. Gassho rei est l’expression de cet esprit de respect mutuel et doit accompagner chaque salut et au revoir.

    Kyakka Shoko

    Dans le vocabulaire Zenshu, Kyakka Shoko signifie « éclairez la zone à vos pieds ». Cela constitue un premier élément de l’entraînement. Aosaka Sensei nous dit souvent : « Pour ranger votre esprit, commencez par ranger votre corps, et donc les choses matérielles qui vous sont le plus proche ». C’est ce principe que symbolise Kyakka Shoko.

    Kesshu

    C’est une des premières positions que l’on apprend au Shorinji Kempo. Elle constitue une garde à part entière et certaines techniques avancées partent même de cette position. Kesshu représente une attitude respectueuse et modeste. Le Shorinji Kempo accepte des positions variées pendant l’entraînement. Pourtant, les bras croisés ou pendant le long du corps, les mains sur les hanches ne sont pas des attitudes « d’écoute » appropriées dans notre discipline. Les kenshi le précisent souvent aux débutants : « si tu ne sais pas quoi faire de tes mains, Kesshu ! ».

    Tenue et comportement

    Les kenshi doivent avoir une tenue et un comportement corrects. Ils doivent toujours garder leur kimono (ou dogi) propre. Les ongles des pieds et des mains doivent être coupés courts pour éviter de blesser ses partenaires. Les cheveux, s’ils sont longs, doivent être attachés en queue de cheval ou maintenus par un bandeau pour ne pas gêner.

    De même, tout pratiquant, sans aucune distinction de grade, doit aider à garder le dojo propre : ce respect est la base de l’entraînement.

    La première étape dans la pratique du Shorinji Kempo est de porter le regard sur soi-même. Si vous vous connaissez, vous pouvez séparer vos qualités de vos défauts, et commencer à corriger les mauvais côtés un par un.

    Les relations entre les kenshi débutent et s’achèvent avec des saluts. Ces saluts doivent être faits avec respect et considération pour l’autre : le corps et l’esprit doivent être unis dans l’intention et l’action.

    Considérez toujours l’entraînement d’une manière positive. Vous devez afficher cela dans votre discours et vos actions. Aussi bonnes que puissent être vos intentions, les gens ne s’en apercevront que par votre attitude.

    Le nouveau pratiquant arrive pour améliorer sa forme physique et son aptitude à combattre. La philosophie veut qu’il soit accueilli avec bienveillance par le professeur et ses aînés. Cependant il est important qu’il participe aussi à la vie du club par sa présence. En se développant, il acquiert des compétences qui seront utiles à son club, à son entourage et à lui-même. Il aura aussi de bonnes chances de trouver un métier, de fonder une famille et de pouvoir à son tour apporter son aide et son soutien autour de lui. C’est le souhait du fondateur de former des « hommes bons ».

    Venez à l’entraînement avec une attitude positive et attachez-vous à toujours garder la naïveté de vos premiers entraînements.

    Les familles de techniques

    La partie technique du Shorinji Kempo est une combinaison de deux systèmes, les techniques dures (Goho) et les techniques souples (Juho) :

    Goho

    Le goho désigne les techniques utilisées lorsque l’on cherche à déborder l’adversaire. En attaque, il s’agit principalement de coups de poing, coups de pied, coups tranchants, coups fouettés et autres atemi. En défense, ce terme est employé pour désigner les esquives, les déviations, les parades et les blocages.

    Juho

    Les techniques de juho sont utilisées au contact de l’adversaire. En modifiant ce contact, il devient alors possible de prendre le contrôle de la situation. Les formes de défense, le travail sur les articulations, les projections et les clefs d’immobilisation sont les principales techniques de juho.

    Les systèmes de goho et de juho sont associés de manière très liée. Ils ne sont que deux manières, unies et indivisibles, d’utiliser le corps. Lors de l’apprentissage d’une discipline de combat, les aspects durs et souples doivent être combinés.

    D’ailleurs, en regardant de près, on trouvera des parties souples dans des techniques de goho et des parties dures dans celles classées juho. La conception du Shorinji Kempo, son efficacité, repose sur l’utilisation combinée des deux systèmes.

    Seiho

    Le seiho englobe des méthodes de correction de la position du squelette et d’équilibrage des méridiens pour un rétablissement optimal de la condition naturelle.

    Chinkon

    La pratique méditative du Shorinji Kempo, appelée chinkon-gyo, s’appuie sur la méditation assise (zazen). Elle permet de développer et de discipliner l’esprit en récitant les maximes (seiku), le serment (seigan) et les principes (shinjo). La respiration est capitale lors de cet exercice. C’est en contrôlant notre respiration que nous arrivons au calme de l’esprit.

    Maximes (seiku)

    La sérénité est à la portée de chacun.
    Bannir le mal et rechercher le bien permet de purifier son cœur ;
    tel est l'enseignement de chaque Bouddha.
    Chaque individu est son propre maître. Il ne doit puiser sa force qu'en lui-même.
    Le développement harmonieux du corps et de l'esprit permet d'atteindre la maîtrise de soi.
    Les mauvaises actions rejaillissent sur celui qui les commet.
    Ne pas commettre le mal permet d'être pur ;
    notre pureté est à la mesure de nos actes.
    Nous sommes les maçons de notre bonheur.

    Serment (seigan)

    Nous, pratiquants du Shorinji Kempo :
    nous ne trompons pas le Maître,
    nous respectons les Aînés,
    nous ne méprisons pas les jeunes.
    Nous tentons d’accéder à la voie du juste milieu :
    en cherchant à mieux nous connaître,
    en nous aidant les uns les autres,
    en collaborant entre kenshi du Shorinji.
    Nous oublions notre passé pour nous adonner à l’art du Shorinji Kempo
    avec un esprit aussi simple et naïf qu’un enfant.
    Le but ultime du Shorinji Kempo est l’accomplissement et le bonheur
    de l’homme et non la gloire ou le profit personnel.

    Principe (shinjo)

    Notre Esprit nous vient du Dharma ; nous avons reçu notre corps de nos parents : témoignons-leur notre gratitude.
    Nous aimons l’humanité et nous essayons d’améliorer ses conditions de vie.
    Nous sommes résolus à nous comporter en êtres braves, justes, humains, courtois et pacifiques.
    En pratiquant le Shorinji Kempo, nous cultivons notre corps et notre Esprit ;
    nous œuvrons pour construire un monde meilleur, sans nous écarter de notre chemin,
    en cherchant à mieux nous connaître, en nous entraidant, en nous faisant des concessions et en collaborant entre kenshi du Shorinji.
    Vivons moitié pour nous-mêmes, moitié pour les autres.


    Vous pouvez également consulter les discours de philosophie que Kaiso donnait à l’occasion de stages au Japon.

    « Les convictions sans les actions sont inutiles »

    Nous ne pratiquons pas le Shorinji Kempo pour devenir des professeurs d’arts martiaux. Il est essentiel pour nous de comprendre que nous cherchons à créer un monde plus agréable à travers notre conscience d’êtres humains et une collaboration partagée.

    À l’origine, le Bouddhisme est l’enseignement d’une estime mutuelle entre les êtres humains. Respecter autrui nécessite d’abord de se respecter soi-même. Dans la philosophie Bouddhiste, les idéogrammes représentant le mot « Personne » signifient « Esprit » et « Arrêter ». D’un point de vue religieux, cela veut dire que les Hommes sont avant tout des esprits contenant une partie du Dharma — et je crois qu’un Homme n’est capable de se respecter qu’à partir du moment où il s’éveille à cette réalité. Le grand changement dans le regard que je porte sur la vie est survenu lorsque j’ai vraiment compris le sens de ce concept.

    Chacun de nous est un être splendide contenant une partie du Dharma. Si nous contribuons tous au même effort, nous pouvons accomplir n’importe quoi. Nous pouvons aller sur la Lune ou atteindre le fond de l’Océan. Nous pouvons être heureux et nous pouvons rendre heureux autrui. Comprendre cela, c’est se découvrir. Si vous comprenez cela, alors allez donner vie à ce concept. Devenez une personne œuvrant pour les autres, pour la société et pour le monde entier.

    (Stage de professeurs, Octobre 1969)
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